Les tardigrades possèdent 17,5% d'ADN "étranger" (soit plus de 6000 gènes provenant en majorité de bactéries). Actuellement un record chez les animaux.
La principale voie d'entrée pour ces gènes se placerait lors de la réhydratation après un épisode de sécheresse : la membrane nucléaire est provisoirement perméable alors que l'ADN disloqué est en cours de réparation.
Chez l'éléphant le gène TP53 (gène anticancer des mammifères) est présent sur 20 loci contre 1 locus chez les humains. C'est a priori l'une des causes qui font passer le taux de décès dus au cancer à 5% contre 11 à 25% chez l'humain.
En tous cas la lutte contre le cancer est bien un axe de sélection génétique comme un autre et comme bien souvent le génome humain est améliorable.
Apparemment on trouve un nombre non-négligeable (par exemple 145 sur 20K chez Homo sapiens) de gènes actifs provenant de transferts horizontaux dans pas mal de groupes animaux (nématodes, arthropodes, primates). Ces gènes semblent avoir des origines diverses (algues, bactéries, mycètes) et opérer dans des domaines diverses (système immunitaire, métabolisme, synthèse de grosses molécules et d'antioxydants).
En bref, la transgenèse, c'est ni neuf, ni rare, ni artificiel (de toute façon, on sait bien ce que je pense de la distinction naturel/artificiel).
Bon, dans les bémols :
Les époux Curie n'auraient-ils pas du arrêter leurs recherches lors qu'ils ont pris conscience du potentiel de la radioactivité ? Ou bien Lord Rutherford ou Henri Becquerel ?
Et que dire des chercheurs et des ingénieurs du Projet Manhattan ?
Certains (dont ce cher Einstein me semble-t-il) ont regretté leurs découvertes/inventions. Mais ils n'étaient pas seuls. Ils n'étaient pas dans un contexte simple. Sur le moment, ça a dû leur sembler la meilleure chose à faire (ou du moins la moins pire).
Il faut être un inspecteur des travaux finis pour penser qu'il est aisé
1) d'avoir conscience de toutes potentialités (positives comme négatives) d'une technologie alors même qu'elle n'existe pas
2) de garder le contrôle sur elle une fois constituée (ou même lors de la phase de recherche)
Les choses sont complexes. Les choix sont difficiles. De tout temps certains l'ont su (qu'est donc la tragédie grecque sinon l'illustration de cet état de fait ?) et d'autres l'ont ignoré.
Cet appel prouve bien que la science n'est pas sans cœur ni sans éthique (contrairement à ce que certains voudraient croire).
La seule chose à faire est de discuter pour trouver des solutions, ensemble, autant que faire se peut.
PS : j'ai 2 ou 3 exemples en tête de sociétés qui placent la "morale" (terme discutable, évidemment) avant tout et c'est pas très beau à voir...