Il en suit qu'une stratégie d'adaptation basée sur la sélection naturelle intègre la mort dans son mécanisme. Jusqu'à s'en servir activement :
En brassant les allèles, on obtient statistiquement certains individus plus adaptés et d'autres moins. On augmente les chances de fournir au crible de la sélection certains individus de meilleure qualité. Au prix d'autres individus de moins bonne qualité. Individu livrés à la mort. C'est le premier lien entre adaptabilité spécifique et mort individuelle.
Pour brasser des allèles, il faut une phase diploïde (au moins partielle). Avec une phase haploïde. Des cellules haploïdes qui fusionnent. Une méiose. Il faut également pouvoir séparer les gènes pour mélanger les allèles.
Pour ce faire, il existe 2 façons :
Les séparer de façon permanente : sur plusieurs chromosomes.
Les séparer seulement le temps de mélanger les allèles : c'est la recombinaison.
Pour la méiose avec plusieurs chromosomes, il faut pouvoir donner à chaque cellule fille 2 lots complets et seulement complets. Que chaque gamète haploïde soit complète, sans supplément. Il faut donc compacter les chromosomes (d'où la chromatine). Il faut pouvoir les manipuler (les rassembler par paire puis les dissocier équitablement), d'où le centromère.
La fusion des phases haploïde constitue la phase sexuée.
En combinant 2 individus plus adaptés on a encore plus de chance de produire de très bonnes combinaisons. C'est là qu'intervient la sélection sexuelle.
S'il est tout à fait possible de fusionner 2 haploïdes similaires ("unisexes"), il est souvent plus avantageux de fusionner 1 gamète "lourde" qui contient beaucoup de réserves énergétiques avec 1 gamète mobile, légère mais manquant de réserves. Cette différenciation entraine l'apparition des sexes (y compris hermaphrodites).
Pour s'adapter vite à un environnement très variant, il faut se reproduire vite. Les vieux individus auront tendance à être moins adaptés. Une espèce qui s'adapte vite n'a donc pas intérêt à conserver ses vieux individus. L'inclusion d'une horloge biologique qui laisse peu à peu la dégradation des mécanismes de nettoyage/réparation cellulaire affaiblir l'individu n'est pas négative et peut même être sélectionnée positivement. C'est le vieillissement. C'est le second lien entre adaptabilité spécifique et mort individuelle.
Le corollaire est qu'une évolution lamarckienne produirait des individus "immortels" dans le sens où tout serait fait pour prévenir la mort alors que la sélection naturelle cherche à la contrôler pour maximiser ses effets.
C'est donc un argument en faveur de la sélection naturelle comme moteur de l'évolution.
La création d'un processus de sélection différent ouvre donc la voie à l'immortalité.
La beauté de la sélection naturelle est qu'elle ne nécessite pas de capacité de calcul extrinsèque. Elle est autonome et consubstantielle à la vie. En effet, elle se met en action dès que des reproducteurs imparfaits meurent dans un environnement aux ressources limitées (ce qui arrive "forcément" dans notre univers connu).
Ce qui est marrant c'est qu'elle est parvenue à produire de la capacité de calcul en quantité sans doute suffisante pour la remplacer. Au moins une fois.
Si elle est capable de le faire de façon régulière, il est probable que des espèces immortelles se baladent dans les cieux.
Une autre conclusion est aussi qu'on a de grandes chances de trouver des êtres vivants pluricellulaires diploïdes,mortels, avec plusieurs chromosomes différents, pratiquant la reproduction sexuée avec types mâles et femelle. (Bien plus d'ailleurs que de trouver des êtres immortels unisexes.) Et des êtres vivants unicellulaires qui ont bien plus de stratégies pour varier.