Pour moi la pharmacopée psychiatrique occidentale (quasi uniquement des psychotropes il me semble), c'est comme utiliser un parpaing pour se débarrasser d'une invasion de fourmis : pas adapté. Ou encore plus précis : c'est comme bander les yeux d'une personne qui a le vertige : certes, il ne souffre plus du vertige (et encore), mais ça l'empêche de faire plein de choses (comme par exemple, de voir et de vivre sa vie normalement).
Et dès qu'on enlève le bandeau...
Bon, je dis pas que c'est inutile. Souvent ça permet de traverser un mauvais moment : on met le bandeau, on prend la personne par la main, on lui fait traverser le pont et on retire le bandeau. Par contre si on arrive pas à faire avancer la personne...
Plop,
Je passe une grosse partie de mon temps éveillé (et sans doute du reste de mon temps aussi :) à analyser rationnellement de nouveaux éléments, les juger avec le moins de subjectivité possible, remettre en cause mes croyances et opinions précédentes à la lumière de ces nouveaux éléments.
C’est une activité très chronophage, parfois usante mais la plupart du temps passionnante.
Alors lorsque je discute avec quelqu’un qui me balance à la figure ses préjugés et autres opinions qui me paraissent d’une solidité tout à fait frivole et qu’il à l’air de considérer qu’il vient de réfuter efficacement mon argumentaire pensé et repensé, que j’ai confronté au résultat d’années d’informations digérées en continu, ça me fait toujours mal.
Mais je sais à ce moment là qu’il est inutile de continuer. Le débat n’est plus rationnel. La seule façon de gagner serait rhétorique. Et ça ne servirait à rien. Tout ce que j’obtiendrais ce serait de vexer mon interlocuteur. (Ploum l’explique très bien en effet !)
En revanche, ce qui est très surprenant, c’est le pouvoir de suggestion : ne pas jeter à la figure de son interlocuteur le résultat pré-mâché. L’amener sur le chemin de la réflexion. Mais laisser la personne cheminer par elle-même. Ça peut prendre beaucoup de temps (des mois, des années parfois). Ça ne marche pas forcément.
Mais lorsque ça marche, c’est extrêmement puissant ! En effet la personne intériorise complètement l’argument, le prend à son compte, le défend avec hargne !
Il m’est arrivé de me voir réfuté par mes propres arguments des années après les avoir exposés à mes interlocuteurs. Une vraie fierté !
C’est aussi un levier extrêmement intéressant avec les enfants. Ce sont des terreaux fertiles. Ils ne sont pas encore imperméabilisés par des couches de préjugés et d’idées toutes faites. Le coût de leur changement d’avis (comme dirait l’ami Ploum) est encore faible.
N’hésite donc pas à suggérer plein de bonnes idées à ton neveu.
Et pour les plus vieux, j’aurais tendance à dire (mais je n’ai pas la prétention de te conseiller, je ne connais qu’une infime partie de ta situation) : eux communiquent par la confrontation. Tu as déjà refuser de jouer sur leur terrain. Peut-être peux-tu aller encore plus loin : emmènes-les sur ton propre terrain. Lance des idée en l’air (légères, sinon c’est la confrontation qui va te retomber dessus illico). Sans l’intention de convaincre. Pas de confrontation. Si la confrontation arrive quand même, rappelle que c’est juste ton avis, que chacun a le droit au sien, que tu respectes le leur. Évidemment ça marche pas avec toutes les idées ni dans toutes les situations... mais ça vaut peut-être le coup d’essayer. C’est plus riche comme échange que juste "Bonjour, bonne appétit, à dimanche prochain".
PS : Pour illustrer mon propos sur "balancer des idées en l’air" : par exemple, plutôt que dire "le problème c’est que ...", suggérer plus tard (en dehors de tout débat) : "j’ai bien aimé ce film/livre/histoire..." ou encore "ça se passe bien quand ...", "J’ai des amis qui ...".
Bon faut pas trop en abuser non plus ;) (et le but est pas non plus de devenir un maitre manipulateur !)
Mes 2 centimes.